La crise de la dette et la règle d'or

Publié le par RDN 65

Tandis que la crise de la dette ne cesse de s'étendre, un certain nombre de socialistes - dont l'inénarrable Vincent Ricarrère - pousse des cris d'orfraie en dénonçant le diktat supposé des agences de notation et le projet d'inscrire dans la Constitution la fameuse règle d'or. Pour bien clarifier les choses, reprenons l'argumentaire éculé : la politique fiscale des gouvernements Sarkozy serait coupable d'avoir laissé filer les déficits, et une hausse substantielle des impôts, assortie d'une politique de relance budgétaire, remettrait facilement de l'ordre dans la machine.

Cette effrayante et irresponsable réponse socialiste s'appuie en réalité sur des postulats faux, voire fous, fruits de l'imaginaire idéologique gauchiste. La crise de la dette est en effet liée à un accroissement perpétuel de l'endettement qui dure en vérité depuis très longtemps - plusieurs dizaines d'années. En effet, le déficit budgétaire est financé par l'emprunt. L'Etat émet des bons du Trésor (il y en a de plusieurs sortes, remboursables à plus ou moins longue échéance) que des prêteurs veulent bien acheter. La mise en vente de ces bons du Trésor s'effectue sur les marchés financiers (qui à se moment là paraissent sympathiques à ceux qui voudraient se débarrasser du grand capital) et des Etats, des fonds, des banques voire des particuliers achètent. La rentabilité est souvent assez faible (un peu plus que le livret A) mais le placement est réputé sans risque puisqu'un Etat rembourse toujours. C'est ici que depuis quelques mois un sérieux problème apparaît au grand jour. En effet, un endettement toujours plus grand appelle des intérêts à payer aux prêteurs toujours plus élevés, et le service de la dette devient de plus en plus lourd, au point qu'il faut emprunter à nouveau pour payer les dettes passées. De la même façon que des ménages font la douloureuse expérience du surendettement, les finances publiques de certains Etats deviennent peu à peu asphyxiées par la dette.

Le premier pays concerné est les Etats-Unis. Depuis la fin de l'étalon or, la place particulière du dollar, monnaie mondiale, a grandement facilité l'émissions d'emprunts américains : tout le monde veut bien acheter du dollar puisqu'il est la monnaie monde, donc increvable! C'est ainsi que le Japon par exemple n'achète à peu près que de la dette américaine. La Grèce en revanche, par exemple, n'a pas cette chance : alors que l'Etat grec est surendetté, les prêteurs se méfient, de peur qu'on ne les rembourse pas, et refusent désormais de prêter (ou alors ils prêtent à des taux très élevés, ce qui aggrave d'autant plus la situation) : le pays est alors au bord de la faillite. Alors que le problème est ancien, il prend ces derniers temps une acuité nouvelle car l'endettement de quelques pays approche les 100% du produit intérieur brut (c'est-à-dire qu'il faudrait toute la richesse d'un pays pour rembourser la dette). La France s'approche d'une telle situation.

Face à cela, favoriser la croissance permet d'accroître les ressources de l'Etat (qui dit croissance dit plus de rentrées d'impôts), mais cela n'est possible - paradoxalement - qu'au prix d'un plus grand déficit budgétaire. Ce qui pouvait très bien marcher au temps de Keynes devient très problématique avec les niveaux d'endettement que nous connaissons.

Nous avons donc l'espoir que Monsieur Ricarrère et quelques autres de ses amis nous lira : il comprendra ainsi que les quelques avantages fiscaux (qui ont au demeurant pour but de favoriser la croissance) concédés par l'Etat ne pèsent pas bien lourd face au service de la dette, dans le budget de la France.

La règle d'or n'a en réalité rien de neuf : le projet de limiter le déficit budgétaire à 3% était déjà celui fixé avant la mise en place de l'euro. Il y a en revanche d'autres réformes urgentes à conduire pour alléger les dépenses de l'Etat. Il s'agit en un mot de rendre les politiques publiques plus efficientes, c'est-à-dire de faire en sorte qu'elles soient aussi efficaces - voire plus - à moindre coût. Et en la matière notre administration a encore des progrès à faire. Souvent, on entend que pour rendre l'Etat plus efficace, il suffit de dépenser plus : plus d'agents, plus de profs, plus de subventions, plus d'administration. On sait bien en réalité que la quantité n'est pas la qualité, qu'une meilleure organisation vaut mieux que plus de désorganisation. Les objectifs symboliques de non-renouvellement d'un fonctionnaire sur deux s'inscrivent d'ailleurs dans ce schéma : il ne s'agit pas de couper aveuglément des têtes, mais de savoir réorganiser ou repenser telle ou telle politique publique pour qu'elle soit plus efficace - et moins chère.

Trop de fonctionnaires se font les alliés objectifs de la gabegie budgétaire. Récemment, l'expérience d'une visite au Trésor Public après avoir rempli ma déclaration d'impôt sur internet m'a ainsi valu une leçon de morale : l'agent rechignait à me renseigner puisque j'avait déclaré mes revenus sur internet et que j'étais donc coupable de priver sa petite-fille d'un emploi dans la fonction publique. Ce cliché irrationnel a la vie dure, mais il faut le combattre : c'est bien une administration plus performante qui peut faciliter le développement économique et, partant, créer des emplois.

Les vieilles recettes de la gauche archaïque nous promettent en vérité un déclin prochain - et rapide. Tels les Byzantins ergotant sur le sexe des anges tandis que les Turcs étaient à leurs portes, nous persistons à prolonger artificiellement un système qui ne fonctionne plus tandis qu'à Singapour il n'y a plus ni dettes ni pauvres, et qu'en Chine on se prépare depuis longtemps déjà à prendre la relève. Plus tôt ce message sera entendu, moins dure sera la chute. Mais hélas, la chute, elle a bien commencé.

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